samedi 25 octobre 2008

Les plus désespérés sont souvent les chants les plus beaux

Lorsque nous étions en Inde C. m'a dit un jour: "Mais c'est fou, tu n'aimes que les oeuvres tristes!"

Je reconnais avoir une nature contemplative et mélancolique qui peut parfois se complaire dans la peine et les larmes. Et si je critique avec bonheur mélodrames et happy endings, parce qu'ils représentent pour moi une sorte de médiocrité et de facilité artitistiques, j'apprécie volontiers la tragédie. Ce n'est pas pour rien que j'ai reconnu en Daniel Mendelssohn une âme soeur.

J'aime le "Lacrimosa" du Requiem de Verdi, les sonates tristes de Beethoven, les morceaux les plus lents et déchirants de son Concerto à l'Empereur ou l' Allegretto – si souvent galvaudé– de la Septième symphonie en la majeur. J'adore à peu près tout chez Chopin, "la chanson de Solveig" chez Grieg, l'adieu de Wotan à Brünnehilde à la fin Die Walküre ou la mort de Siegfried dans le Götterdämmerung de Wagner. Je l'ai déjà écrit, mais je le redis encore, la mort de Didon par Purcell dans Dido & Aeneas est une des plus belles pages musicales jamais composées. J'aime Tom McRae.

Mon grand-père paternel jouait du violon; quand mes parents ont vendu la maison de l'aieül à Villeneuve-les-Avignons, après la mort de ma grand-mère, le nouveau propriétaire – lui-même musicien soliste – a conservé l'instrument. Je me demande combien de familles connaissent ainsi un instrument perdu, un instrument fantôme dont les échos résonnent insidieusement à travers les générations. Mon grand-père jouait du violon, et ses plaintes ont du marquer les gènes paternels et, au-delà, laisser leur empreinte en moi.

Les chants désespérés sont souvent les plus beaux. J'altère ici volontairement le fameux vers de Musset car la règle édictée par le poète n'est pas toujours juste. C'est vrai que j'ai le goût des cordes et des élégies, des poèmes qui disent l'obscurité, des livres noirs, des nouvelles tristes d'un Jules Supervielle ou d'une Karen Blixen, mais j'aime aussi la danse, l'ironie et le rire. J'aime aussi les oeuvres qui m'enchantent et me font sourire, comme ces Contes Carnivores de Bernard Quiriny.

Et ne me dites pas que le concerto pour violon de Tchaikovsky en ré majeur est triste! Comme c'est souvent le cas avec les Russes, il y a quelque chose de viscéralement joyeux dans le premier mouvement, quand le violon entraîne l'orchestre, prend son élan et semble le propulser tout entier vers la lumière, comme on lance un enfant en l'air pour qu'il rit ensuite aux éclats...en plein soleil.

http://www.youtube.com/watch?v=0MJItGkrUbE&feature=related

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